Certes, on n’a pas vu l’image… Lors du Noël de Matignon, Elisabeth Borne s’est affublée d’un maillot de l’équipe de France de football floqué de l’inscription 49.3… Ce cadeau des ministres macroniens à la Première ministre pourrait être un symbole d’une année degouvernance cynique.
Le maintien de la politique d’austérité entend faire payer aux classes populaires les conséquences de la crise du capitalisme; celui-ci est en effet entré dans une période de récession, et elle va durer, avec une inflation maintenue. Concrètement, cela se traduit par une baisse du pouvoir d’achat et un refus d’augmenter les salaires. Mais c’est aussi une banalisation du non-respect des règles élémentaires de la démocratie. La macronie ne supporte pas d’avoir été mise en minorité aux dernières législatives. Elle utilise donc toutes les ressources de la Constitution de la Ve République pour faire passer ses mesures.
On le sait bien… Ils se préparent à mener la bataille des batailles : l’augmentation du nombre d’années de travail pour pouvoir prendre sa retraite à, non plus 62, mais 65 ans. Leur tentative d’instaurer la retraite par points avait vu se dresser une forte mobilisation unitaire et le projet avait été retiré. Les injonctions de la Commission européenne, bras armé des banquiers de la BCE, sont suffisammentfortes pour ne pas s’arrêter.
La classe dominante, dirigée par la droite de Ciotti et le centre de Macron est cependant divisée, non pas sur le fond de cette réforme, mais sur la méthode etle rythme. Elle sait que les Français.es y sont très opposés, et beaucoup craignent une vive réaction de la population. D’autres considèrent que lemouvement social a perdu de sa capacité à se mobiliser et que les organisations syndicales affichent des faiblesses (cf. l’abstention record aux dernières élections professionnelles). Elles seraient donc dans l’impossibilité de constituer un front commun combatif.
Bloquer les prix
La grève des contrôleurs de la SNCF pourrait marquer un changement de conjoncture. Cette mobilisation à la base (autogestionnaire), impulsée par le collectif national, a en quelque sorte débordé les directions syndicales, y compris celles de Sud-Rail et de la CGT. Leur grève a été un succès qui pourrait donner des idées aux autres corporations. On pense particulièrement à tous les secteurs de la Santé qui appellent à l’aide devant la catastrophe sanitaire que vivent beaucoup d’hospitaliers…
La bataille contre la vie chère, menée principalement par la FI, hormis la manif très militante du 16 octobre (sans doute plus de 40 000), n’a vu que des mobilisations ponctuelles comme celles dans les raffineries de pétrole, certes d’un haut niveau. Mais bien insuffisant pour faire céder le gouvernement, qu’il bloque les prix, augmente le SMIC jusqu’à 1600€, encore moins pour exiger une échelle mobile des salaires indexée sur l’inflation.
Construire un bloc uni
Si campagne contre la vie chère a été massive de la part de la FI, on ne peut pas en dire de même des autres composantes de la NUPES… L’injonction de Mélenchon à le rejoindre pour la manif nationale n’a pas été une bonne idée, au contraire. Loin de la déferlante qui aurait été nécessaire à Paris. Les volontés affirmées de telle mise au pied du mur ne sont que rarement productives. Il faut leur opposer des tactiques de front unique, où chaque partenaire est à égalité et a donc son mot à dire.
Nous devons ajouter que cette unité des responsables nationaux doit s’appuyer sur des collectifs unitaires à la base, qu’ils soient dans les entreprises, les quartiers, les localités.. Certes, les affaires ne sont pas simples. Il n’est pas dans les traditions de notre pays de faire cohabiter, par exemple, des syndicats comme FO avec des associations comme Greenpeace, ou celles de chômeurs, que ce soit pour débattre ou pour agir… L’unité n’empêchera pas chacun de garder son indépendance et sa liberté de parole…
Les Jeunes insoumis, avec neuf autres organisations de jeunesse — L’Alternative étudiante, Voix Lycéenne, FIDL, Jeune Garde, Jeunes écologistes, Jeunes Génération·s, Place Publique Jeunes, RED Jeunes, POI, NPA Jeunes — appellent à une manifestation nationale pour les retraites, le 21 janvier, à Paris. La FI s’y joint … On ne peut pas leur reprocher cette initiative, au contraire, mais elle doit être un signal pour un début de mobilisation générale, d’abord pour le retrait du projet… puis le retour à la retraite à 60 ans.
Du rififi dans la FI
Mais pour beaucoup de militantEs et d’ électeurs FI, la préoccupation politique aura été polarisée cet automne par « l’affaire Quattenens », condamné pour « violences conjugales », par la Justice, d’une part, et par le Groupe parlementaire FI, d’autre part, mais aussi par la question de la structuration de la France Insoumise, avec la mise à l’écart de la direction de Ruffin, Corbières, Coquerel, Garrido, Autain…
Ces deux événements ont soulevé à juste titre beaucoup d’incompréhension, voire de colère. Pour nous, il ne s’agit pas de batailles secondaires ni de querelles d’ego, mais de sujets fondamentaux qu’on ne peut ranger au fond d’un tiroir. Quand on a la prétention de changer le monde, on a une obligation d’exemplarité.
Pour la restructuration de la France insoumise, nous avons indiqué nos propositions sur notre site, gauche-ecosocialiste.org : transparence, pluralisme, démocratie. Les enjeux sont de taille, face à une extrême-droite en expansion et un gouvernement à l’offensive. Le coup génial initié par Jean-Luc Mélenchon avec la NUPES, aux législatives, doit se concrétiser sur le terrain, même si cela ne va pas de soi pour EELV et le PCF. On peut ajouter le congrès du PS et l’évolution du NPA après sa scission. Le test des retraites sera décisif. A suivre…