Le dernier Marx… prométhéen ou pré-écologiste ?

Le « dernier Marx », sujet négligé, il y encore une quinzaine d’années. Maintenant que ses carnets ultimes sont en grande partie disponibles, des livres commencent à être publiés sur une période qui couvre, en gros, la dernière décennie du théoricien et révolutionnaire allemand (1873-1883). Le plus récent, traduit de l’italien, Les dernières années de Marx : une biographie intellectuelle 1881-1883, par Marcello Musto, est paru en France en mars 2023 après avoir fait le tour du monde dans de multiples traductions depuis 2016. Un ouvrage collectif anglo-allemand, Le dernier Marx, est paru en 2019 sous la direction de Kolja Lindner, dont l’article introductif s’intitule : ‘Le dernier Marx au-delà du marxisme : pensée de la contingence, critique de la domination et conceptualisation d’une démocratie radicale’. Mais le « dernier Marx » peut-il être convoqué sur la question, aujourd’hui cruciale, de l’écologie politique ?

C’est ce que tente d’examiner ce texte (1), après avoir revisité quelques fondamentaux : la critique de l’économie politique, la question de l’Etat et la lutte des classes.

Quand Marx décède, à l’âge de 66 ans, le 14 mars 1883, il laisse derrière lui une importante oeuvre publiée, mais inachevée. Pendant ses dernières années, malgré une santé précaire, la mort de sa femme et celle d’une de ses filles, il revisite ses travaux pour affiner ses conclusions, répondre aux critiques, critiquer ceux dont il pense qu’ils le lisent mal. Il approfondit l’étude des mathématiques, se plonge dans l’anthropologie et les sciences de la nature. Et il remplit des cahiers de notes…

Faisons un saut en arrière : en 1843, à 26 ans, Marx rompt avec la philosophie du droit de Hegel. « Après quoi, écrit Daniel Bensaïd dans son livre Marx l’intempestif (1995), on ne trouvera plus trace chez Marx d’une philosophie de l’Histoire. Ce n’est plus son problème. Il a changé de terrain. La Sainte Famille (1845) et L’idéologie allemande (1846, mais publié seulement en 1932) tournent définitivement le dos à toute transcendance historique. »

Après 1843, en effet, Marx concentre tous ses efforts sur la critique de l’économie politique. Imposant travail qui aboutit en 1867, après les fondements posés dans les Grundrisse (1857-1861), au Livre I du Capital consacré au Développement de la production capitaliste. Marx a alors le sentiment d’avoir élucidé un mystère : la détermination de la valeur par la durée du travail, qualifiée de « ‘secret caché’ sous le mouvement apparent des valeurs des marchandises » [‘Première section du Livre I, sur la monnaie ou la circulation des marchandises’]

Terminer Le Capital

Mais estimant avoir fait des « erreurs de calcul » dans les Grundrisse, Marx voulut les corriger dans le Livre III du ‘Capital’. Il s’engage alors dans l’étude des mathématiques, notamment de l’algèbre, de 1860 à 1881. Marx n’aura pas le temps d’achever et de publier son Livre III. C’est Engels qui s’en chargera, à partir des brouillons de Marx, en 1894, onze ans après la mort de son compagnon, et en l’assortissant de ‘Suppléments et compléments’. Des économistes y verront alors, sur la fameuse « loi de la valeur » déterminée par la durée du travail, des contradictions avec le Livre I. Que leur répond Engels ? « La loi de la valeur de Marx est généralement valable (…) pour toute la période de production simple de marchandises, donc jusqu’au moment où cette dernière subit une modification par l’avènement du mode de production capitaliste ». Engels date le « début de l’échange qui transforme les produits en marchandises… à 4 000, peut-être 6 000 ans avant notre ère… » Il la termine « au XVe siècle de notre ère ».

D’où vient cette datation ? Des notes prises par Marx, entre décembre 1880 et juin 1881 en travaillant sur La société archaïque, ouvrage publié en 1878 par l’anthropologue américain Lewis Henry Morgan. Entreprise qui ramène le vieux Marx à ses explorations des années 1850-1860 sur les modes de production et les formations socio-économiques pré- capitalistes. Ce qui lui permet d’actualiser ses connaissances sur les liens familiaux, le genre et la famille dans l’histoire, la condition des femmes, l’origine des rapports de propriété, la formation et la nature du pouvoir d’Etat, le colonialisme, etc…Sur la « marchandise », la « valeur », la « monnaie », le tout dernier texte de Marx, ses ‘Notes critiques’ de 1881 en réponse à l’économiste Adolphe Wagner qu’il qualifie d’ « homme obscur », sont d’une grande limpidité et épuisent définitivement les controverses sur le sujet.

Voilà comment fonctionne le dernier Marx : il reprend, approfondit, clarifie. On voit le mouvement propre à sa pensée, non pas linéaire, mais en spirale : sans révision déchirante, mais avec la volonté de toujours remettre l’ouvrage sur le métier, par honnêteté intellectuelle, souci de précision et volonté d’être compris.

Après le volet économique, deux aspects du volet politique : la lutte des classes et la question de l’Etat, grands thèmes qui font l’originalité de Marx et possiblement son actualité.

1843, année charnière

Encore une fois, il faut faire retour à 1843, date décidément charnière. Michael Löwy identifie, à partir de la rupture de Marx avec la gauche étatique hégélienne, un fil conducteur anti-étatique et libertaire qui peut être suivi jusqu’aux écrits sur la Commune de 1871 (‘La guerre civile en France’) et la ‘Critique du programme de Gotha’ de 1875, portant sur le socialisme étatiste de Ferdinand Lassalle. Il ne peut y avoir d’ « Etat populaire libre », dit alors Marx, à cause de la propension naturelle de l’Etat à l’oppression. On connait sa formule célèbre, enseignement de la Commune de Paris : « La classe ouvrière ne peut pas s’emparer de la machinerie de l’Etat et la faire fonctionner pour son propre compte »… Deux ans plus tôt, dans une lettre [20 juin 1873] à August Bebel, figure de la social- démocratie allemande, Engels prévenait : « Il conviendrait de laisser tomber tout ce bavardage sur l’Etat, surtout depuis la Commune qui n’était déjà plus un Etat au sens propre. Nous proposerions, en conséquence, de remplacer partout le mot Etat par Gemeinwesen, un bon vieux mot allemand que le mot français commune traduit à merveille ».

Pour Marx, l’intérêt général de la société est aliéné, non seulement dans et par le travail, mais aussi dans et par l’Etat. Il en dégage deux conclusions : d’une part, l’intérêt général de la société ne peut être porté que par la classe la plus opprimée, celle sur qui pèsent le plus de chaînes, le prolétariat, « sujet de l’histoire », c’est-à-dire son acteur désormais principal, la bourgeoisie l’ayant été avant lui pour abattre le pouvoir de la monarchie et de l’aristocratie. D’autre part, une révolution sociale se devrait donc de « briser l’appareil bureaucratique et répressif de l’Etat ».

Chez Marx la « lutte des classes » s’impose comme instrument historique de l’humanité en chemin pour se libérer de l’aliénation et accéder à ce qu’il appelle « la vraie démocratie ». C’est la piste suivie par Miguel Abensour dans La démocratie contre l’Etat (1997). Pour lui, Marx « invite à penser la démocratie sur les ruines de l’Etat », comme « processus continu, insurgeant » de la société. On comprend l’insistance de Marx à rejeter toute tentation d’instaurer un socialisme d’Etat si prompt à se transformer en « boa constrictor étouffant la société ». Le XXe siècle a donné raison à Marx. Partout, l’Etat s’est renforcé, qu’il soit de type libéral, social-démocrate ou stalinien. Et nous sommes désormais vaccinés contre le soi-disant « socialisme réel » qui n’a pas affranchi le prolétariat, ni, a fortiori, l’humanité. S’il y a une actualité de Marx, elle ne peut être désormais que critique de ce marxisme-là.

Dans les années 1970, Nicos Poulantzas a pensé différemment la question de l’Etat, dans L’Etat, le pouvoir, le socialisme (1978) : non comme simple instrument aux mains de la classe dominante, ni comme arbitre neutre, mais comme condensation institutionnelle des luttes de classes. Une stratégie socialiste de dépassement du capitalisme ne serait ainsi possible, selon Poulantzas, ni par la seule voie parlementaire, ni par un choc frontal contre les institutions. Poulantzas n’a pas connu l’État néo-libéral contemporain, mais il a pressenti la montée de l’« étatisme autoritaire » — cf. ‘La fin de l’État démocratique. Nicos Poulantzas, un marxisme pour le XXIe siècle’, «Actuel Marx», 2016 — dont nous voyons aujourd’hui, en France, une forme émergente : affaiblissement du parlementarisme, renforcement de la machine politico-policière et atteintes inédites aux libertés publiques, au détriment de l’Etat protecteur de plus en plus détricoté.

« L’exploitation de la Terre en tous sens »

D’autre part, l’Etat capitaliste a insuffisamment été pensé depuis le concept d’ « Etat racial » fondé sur l’agression coloniale, d’abord génocidaire avant de se vouloir « civilisatrice ». Houria Bouteldja lui consacre la première partie de son nouveau livre, Beaufs et barbares : le pari du nous (2023). Aimé Césaire décrivait pour sa part une Europe coloniale « suçant comme un vampire le sang, les terres, les biens et la dignité même… » Dans ses Grundrisse, Marx avait déjà vu la tendance « immédiatement donnée dans le concept de Capital » à créer un marché mondial. Son étude tardive des ravages des colonialismes anglais et français lui permit en outre d’introduire ce qu’il appelle « l’exploitation de la Terre en tous sens », c’est-à-dire le pillage opéré depuis le centre occidental du monde. Toujours prêt à l’auto-critique, il pourra ainsi risquer un pas de côté par rapport au biais eurocentrique de son temps.

Marx a su démonter pièce par pièce le capitalisme et montré qu’il n’est pas une « institution immuable », indépassable. Mais il laisse l’avenir ouvert. Au lieu de définitions commodes et rassurantes, ce qu’on trouve chez lui, c’est le doute, l’esprit critique, la recherche de voies originales, propres à telle situation, telle aire géographique. Les échecs passés et présents du combat émancipateur le montrent assez : l’après-capitalisme n’est pas écrit d’avance.

Rien n’est jamais acquis. Il n’y a que des conquis. Et tout peut toujours être remis en question. Tout, sauf « la lutte », réponse définitive de Marx au journaliste américain venu le visiter dans son exil britannique, à l’été 1880, qui lui demande : « Quelle est la loi ultime de l’existence ? » Il faut donc se réjouir de voir venir à nous un dernier Marx résistant à toute tentative de figer sa pensée, ce qui nous permet de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, comme l’avaient escompté, après la chute du Mur, en 1989, les tenants de « la fin de l’histoire ».

Que dire de l’épineuse question du rapport de Marx à la nature et à son usage ? Et pourquoi « épineuse » ? Parce que l’idée la plus répandue, c’est que Marx a développé une vision scientiste, productiviste et prométhéenne, commune à tous les « Modernes » du XVIIIe au XXe siècle. On peut multiplier les citations qui vont dans ce sens. Par exemple, à la toute fin du Livre III du Capital : « Tout comme l’homme primitif, l’homme civilisé est forcé de se mesurer avec la nature pour satisfaire ses besoins, conserver et reproduire sa vie; cette contrainte existe pour l’homme dans toutes les formes de société et sous tous les types de production. Avec son développement, cet empire de la nécessité naturelle s’élargit parce que les besoins se multiplient; mais en même temps se développe le processus productif pour les satisfaire… » Dans cet extrait, le travail est décrit, non plus comme aliénation, dépossession et perte de soi, mais comme réponse à la nécessité, un outil de la condition humaine pour se conserver et se perpétuer, dans une confrontation avec la nature.

Dans la Critique du programme du parti ouvrier allemand, dit Programme de Gotha, déjà cité, Marx évoque « une phase supérieure de la société communiste, quand (…) avec l’épanouissement universel des individus, les forces productives se seront accrues et que toutes les sources de la richesse coopérative jailliront avec abondance; alors seulement on pourra s’évader une bonne fois de l’étroit horizon du droit bourgeois et la société pourra écrire sur ses bannières : ‘De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins’. » Le modèle de notre Sécurité sociale… Dans ce second extrait, la progression du règne de la nécessité à celui de l’abondance laisse rêveur, quand on en est plutôt à tenter de promouvoir une sobriété heureuse en réponse à une crise énergétique et climatique que Marx ne pouvait même imaginer.

D’un autre côté, il est tout aussi exact d’affirmer que Marx a été attentif à définir une autre relation de l’homme avec la nature, comme le montre par exemple cet extrait du Livre I du Capital : « La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur ». Marx a lu le chimiste allemand Von Liebig qui, dès 1862, montre que l’agriculture moderne ruine les possibilités de renouvellement de la fertilité des sols. Le concept de « rupture métabolique » trouvé chez Liebig permet à Marx de saisir l’aliénation matérielle de l’être humain vis à vis des conditions naturelles de son existence dans le capitalisme. De là à faire de lui un écologiste, il y a un pas… que franchit allègrement John Bellamy Foster dans Marx écologiste (2011). Sans doute est-ce un peu tordre le bras de Marx et Engels que de les recruter sur la voie écologique. Pour voir éclore une véritable fibre écologique marxiste, il faudra attendre les années 1920, en Union soviétique, avec Boukharine, Vernadsky, Vavilov… rapidement éliminés par Staline. Leur vision cadrait mal avec l’atmosphère stakhanoviste en vigueur.

Marx a assez démontré que l’homme s’inscrit et marche dans un processus historique. Lui- même n’y échappe pas. Les contradictions à l’oeuvre dans sa pensée ne pouvaient pas être résolues à la fin du XIXe siècle, les seuils d’alerte face aux dégâts du progrès étant encore largement sous les radars. Avec Engels, il élabore une approche dialectique des relations homme-nature : ni unité absolue, ni lutte absolue. Le courant de pensée écosocialiste, de Michael Löwy à Daniel Tanuro qui a consacré un livre à L’impossible capitalisme vert (2010) montre une voie écologique de dépassement du capitalisme inspirée par le Marx critique de l’économie politique. Une ligne de partage se dessine ainsi entre ceux qui pensent possible un accompagnement écologique du capitalisme et ceux qui pensent que seule une rupture — au sens de Walter Benjamin : actionner le frein d’urgence pour éviter que le train déraille — avec le caractère prédateur et destructeur du Capital peut enclencher un nouveau cycle vertueux des relations homme-nature ou société-nature ou encore nature-culture, pour parler comme l’anthropologue Philippe Descola, soutien intellectuel de poids au collectif des Soulèvements de la Terre.

« Un regard écosocial sur le monde »

En septembre 2022, L’Obs organisait une rencontre entre Descola et Jean-Luc Mélenchon, qui vient de lire son dernier livre, Ethnographies des mondes à venir. Que dit Mélenchon dans cet entretien ? « Le discours des Insoumis est d’abord un regard écosocial sur le monde. Pendant que certains continuent de répéter le catéchisme de la gauche du XXe siècle, nous intégrons à notre réflexion les nouvelles questions comme celle du rapport social au vivant (…) Dans l’ancienne version, la lutte contre le Capital soudait les luttes. Cette fois, c’est celle pour l’intérêt général humain, qui inclut la préservation du vivant. (…) Des millions de jeunes sont en train de fabriquer leur vision du monde. Votre travail, Monsieur Descola, nous oblige à modifier notre regard et notre pratique politique…» Deux choses importantes sont affirmées : 1) La nécessaire distance à prendre avec l’histoire de la gauche productiviste du XXe siècle et avec le focus unique de la lutte « contre le Capital ». 2) Les nouvelles luttes et formes de luttes, à l’initiative d’une jeunesse qui constitue le contingent le plus actif et le plus radical des luttes pour le climat. La Gauche écosocialiste s’inscrit résolument dans cette perspective.

Un mot sur ce qu’il est convenu d’appeler l’écoféminisme. La sociologue et activiste allemande Maria Mies, récemment disparue à l’âge de 92 ans, est l’une des premières à avoir montré que la colonisation des femmes et de la nature avaient commencé en même temps, associant ainsi les dominations patriarcale, coloniale et capitaliste. On est tout près, ici, d’un texte écrit, depuis sa geôle turque, par le dirigeant kurde Abdullah Öcalan, Libérer la vie : la révolution des femmes (2013). Les « écoféministes de la subsistance » tiennent pour leur part l’industrialisation pour un processus de destruction, non seulement du vivant, mais des activités vitales, dont la reproduction, et de soin du quotidien, le plus souvent exercés par les femmes. Au risque, si on n’y prend pas garde, d’essentialiser les femmes, supposément plus proches de la nature que les hommes, et de les réassigner aux affaires de la sphère privée… et donc du travail domestique non rémunéré. Un pas que n’hésite pas à franchir l’extrême-droite dans sa version écofasciste.

Notre camp social doit se montrer vigilant face aux dérives possibles et, encore une fois, la référence marxiste à la lutte des classes reste un guide sûr. Elle reste un enjeu stratégique et politique émancipateur pour qui ne se satisfait ni d’un système qui produit, entretient et amplifie les inégalités sociales. Avec la crise climatique qui jette déjà des millions d’êtres humains sur les routes de l’exil, la lutte des classes doit désormais s’étoffer des luttes internationalistes, anti-impérialistes, féministes, décoloniales… Les plus touchés sont en effet les pauvres des pays pauvres. Si ce n’est pas la même chose qu’être pauvre ou riche en France, ça l’est encore moins d’être pauvre dans le « Sud global » ou riche dans le Nord « développé ». Les plus consommateurs sont à la fois les plus pollueurs et les mieux à même de se protéger des dégâts irréversibles qu’ils occasionnent à l’habitat commun… Nous sommes au temps de la « convergence des luttes », entre fin du mois et fin du monde.

Un récit désirable du futur

Enfin, il nous reste à construire un récit désirable du futur. Pour en rester au seul volet économique de l’affaire, qui est loin d’épuiser la question, se demander si les alternatives au productivisme sont nécessairement décroissantes, comme le proposent les tenants de cette approche ou bien considérer que certaines productions doivent décroître tandis que d’autres doivent croître, notamment les services publics essentiels ? Question sous- jacente : quels choix industriels dans une société écosociale ? Ce qui ramène à la question « sobriété versus besoins », lesquels, a écrit Marx, ne cessent de grandir, quantitativement et qualitativement. Privilégier la valeur d’usage par rapport à la valeur d’échange suffit-il à résoudre la contradiction ? Enfin, les solutions peuvent-elles passer par une relocalisation totale des procès de production et de consommation, dans une optique « municipaliste », ou peut-on admettre une part nécessaire de planification, considérant que l’intérêt général de la société ne saurait être local ?

Marx a su voir que le producteur dépossédé du fruit de son travail est en fait dépossédé de sa vie, de sa liberté, de sa capacité et de son aspiration à libérer du temps de travail pour développer et cultiver en lui l’être humain. Il nous a légué une magistrale Critique de l’économie politique, qui le conduit dans ses dix dernières années aux lisières des problématiques du XXIe siècle. Travail à compléter en contribuant, chacun.e d’entre nous, à une nécessaire Critique (marxienne) de l’écologie politique.

Jacques Pasquet

(1) Conçu initialement pour une session de formation interne de la France Insoumise de Rennes, sur le thème « Du marxisme à l’insoumission : l’actualité de Marx », le 30 mai 2023.

Bibliographie

Les dernières années de Marx : une biographie intellectuelle 1881-1883, Marcello Musto, Questions républicaines, PUF, mars 2023.

Le dernier Marx, collectif, dirigé par Kolja Lindner, Editions de l’Asymétrie / Réverbération, 2019.

Marx l’intempestif, Daniel Bensaïd, 1995, notamment le dernier chapitre, ‘Les tourments de la matière (Contribution à la critique de l’écologie politique)’.

La démocratie contre l’Etat, Miguel Abensour, Le Félin/Poche, 1997-2012

L’Etat, le pouvoir, le socialisme, Nicos Poulantzas, Editions Amsterdam, 1978-2013. Walter Benjamin : avertissement d’incendie, une lecture des Thèses sur le concept d’histoire, Michael Löwy, L’éclat/Poche, 2014.

Marx écologiste, John Bellamy Foster, Editions Amsterdam, 2011.

L’impossible capitalisme vert, Daniel Tanuro, La Découverte/Poche, 2010-2012.

Beaufs et barbares : le pari du nous, Houria Bouteldja, La Fabrique, 2023. – Sur l’enfer génocidaire du colonialisme français en Algérie, Attaquer la terre et le soleil, Mathieu Belezi, Le Tripode, 2022.

Ethnographie des mondes à venir, Philippe Dessola et Alessandro Pignocchi, Anthropocène/Seuil, 2022.

La subsistance : une perspective écoféministe, Maria Mies et Veronika Bennholdt-Thomsen, Editions La lenteur, 2022.

‘Libérer la vie : la révolution des femmes’ de Abdullah Öcalan, in La révolution communaliste, écrits de prison, Libertalia, 2020-21.

Podcast

Marx face au problème de l’Etat, avec Michael Löwy, Yohann Douet et Marina Garrisi, Contretemps, revue de critique communiste, en ligne, mars 2023.

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